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    La commission d’En Marche! a tranché: on peut être candidat et anti-mariage pour tous

    Au moins trois candidats investis par La République En Marche! ont pris position dans le passé contre le mariage pour tous. Dans au moins deux cas, la commission d'éthique a jugé que cette prise de position n'était pas incompatible.


    Mise à jour le 2/06/2017: L'investiture du candidat ayant tenu des propos homophobes en 2012 est finalement maintenue par le parti. «Suite aux excuses présentées par Olivier Serva relatives aux propos qu'il avait tenus en 2012 - propos qu'il a regrettés et retirés dans un communiqué en date du 31 mai - son investiture a été maintenue», a indiqué, selon l'AFP, LREM.


    Peut-on être candidat de La République En marche! et anti-mariage pour tous? C'est la question que devait trancher ces derniers jours la commission nationale d'éthique. En cause, l'investiture d'un candidat qui s'était fait remarquer par son opposition au mariage pour tous.

    Vincent Bru, maire UDI de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) a été investi par le mouvement LRM dans la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques.

    Or, en 2013, il avait demandé l’abrogation du mariage pour tous en signant un manifeste des «maires pour l'enfance».

    Le choix de la commission des investitures a suscité l'indignation des militants locaux et notamment de François Amigorena qui visait aussi cette investiture. Une pétition pour s'opposer à la candidature de Vincent Bru a ainsi été lancée et Nathalie Niel, la référente départementale, a saisi la commission d'éthique pour qu'elle tranche cette décision.

    Une deuxième candidate opposée au mariage pour tous

    À l'autre bout de la France, dans la 1ère circonscription de l'Aisne, c'est la candidat Aude Bono, également étiquetée UDI, qui a fait tiquer des militants d'En marche. Comme elle s'en explique sur sa page Facebook, l'élue a «assisté» en novembre 2012 à une manifestation d’opposition au projet de loi «ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe». Là encore, une pétition a été mise en ligne et un recours auprès de la commission des investitures a été fait, selon le quotidien local L'Union.

    Alors que le parti examinait la compatibilité entre les valeurs d'En Marche! (le président Emmanuel Macron ayant toujours défendu le mariage pour tous) et ces investitures, les deux candidats ont pris le soin de nuancer leur position. Interrogé par Sud Ouest, Vincent Bru minimise ses positions de l'époque:

    «Comme François Bayrou, j'étais plutôt favorable à une union civique. Mais cela ne m'a pas empêché de célébrer un mariage ente deux hommes dans ma mairie depuis.»

    Même précaution chez Aude Bono qui, depuis qu'elle représente le mouvement d'Emmanuel Macron, affirme avoir acté la loi Taubira:

    «En 2013, le débat a eu lieu. La loi a été votée. C’est acté. En tant qu’élue et citoyenne, j’ai comme obligation tant juridique que morale de me conformer à la loi de mon pays.»

    La commission valide l'investiture de Vincent Bru

    Contacté par BuzzFeed News, le service communication d'En Marche! confirme que les positions passées du candidat Vincent Bru ne l'empêchent pas d'être candidat, citant l'exemple similaire du ministre Gérald Darmanin:

    «Nous ne communiquons pas sur les conclusions de la commission d'éthique car cela n'a pas vocation à être rendu public, mais elle a constaté, dans le cas de Vincent Bru, que son opposition passée au mariage pour tous n'était pas un élément suffisant pour le désinvestir

    S'agissant d'Aude Bono, le parti assure que la commission d'éthique n'a pas été saisie: «On va se renseigner.»

    Nathalie Niel, la référente départementale d'En Marche!, qui avait porté le recours dans le cas de Vincent Bru, se dit en tout cas très agacée.

    «Vincent Bru a été investi, mais le comité n'a donné aucune réponse à mon recours. C'est quand même très embêtant d'avoir ce manque de transparence. Et ce candidat n'est même pas passé devant la commission d'investiture. Je ne le soutiendrai pas personnellement», dit-elle à BuzzFeed.

    Auprès de BuzzFeed News, le parti (et Vincent Bru lui-même dans Sud Ouest) précise que dans le cadre des accords entre En Marche! et le Modem, les candidats proposés par François Bayrou ont pu éviter de passer devant la commission des investitures... C'est ainsi que personne n'aurait vérifié si leur profil était en accord avec les valeurs défendues par Emmanuel Macron.

    Un autre candidat pour qui l'homosexualité est une «abomination» pourrait rester investi

    Le site Street Press révèle par ailleurs ce mercredi qu'un candidat En marche! investi dans la première circonscription de Guadeloupe, Olivier Serva, jugeait, à la télé en 2012, que le mariage pour tous était «intolérable» et que l’homosexualité était une «abomination». Il ajoutait: «Bien sûr que c'est un péché [le mariage homosexuel]. La Bible le dit.»

    Sollicité par BuzzFeed News sur ce cas, le service presse dit mener «une enquête interne» avant de prendre la parole. Mais contacté par Le Figaro, le président de la Commission nationale d'investiture d'En marche!, Jean-Paul Delevoye, n'exclut pas de maintenir son investiture à Olivier Serva «s'il récuse ces propos», qui «datent de 2012». «Dans notre philosophie, tout le monde a le droit à l'erreur, argue-t-il, acceptant ainsi de «créer un bémol».